En mars 2020, le scandale éclate. Des dizaines de multinationales sont accusées de participer à l'exploitation des Ouïghours, un peuple musulman maintenu de force dans des camps chinois pour motif religieux. Alors que ce travail frocé durait déjà depuis plusieurs années, il est finalement dénoncé par la presse internationale qui s'empare du sujet. Les marques accusées multiplient alors les déclarations publiques et de nombreuses marques rejoignent la liste des accusées. Mais combien sont-elles aujourd'hui ? Retour sur les diverses accusations...
1er mars 2020 : Le rapport de l’ASPI et l’incrimination des 37 premières marques textiles
Abercrombie & Fitch, Adidas, Calvin Klein, Carter’s, Cerruti 1881, Fila, Gap, H&M, Jack & Jones, Lacoste, Nike, Polo Ralph Lauren, Puma, Skechers, Tommy Hilfiger, Uniqlo, Victoria’s Secret, Zara... L’ONG australienne ASPI (Australian Strategic Policy Institute) publie le rapport : “Uyghurs for sale” incriminant 82 multinationales, dont 37 dans le secteur textile, de participer à l’exploitation des Ouïghours. Selon les enseignes, l’exploitation est directe (les marques ont des usines dans la région de Xinjiang, où sont retenus les Ouïghours) ou indirecte (elles font appel à des fournisseurs ayant des usines et/ou des sous-traitants dans cette région).
1er avril 2020 : Les déclaration de Kering et l’ajout de 6 nouvelles marques
Gucci, Alexander McQueen, Yves Saint-Laurent, Balenciaga, Bottega Veneta et Brioni. Un mois après la publication du rapport de l’ASPI, le groupe Kering (Gucci, Alexander McQueen, Yves Saint-Laurent, Balenciaga, Bottega Veneta et Brioni), dans son Document d’Enregistrement Universel, soutient développer “une culture biologique dans la région du Xinjiang en Chine dans deux plantations de coton". Aussi louable soit le but environnemental de cette démarche, la région est mal choisie. Aussi, les 6 marques du groupe Kering rejoignent les 37 premières incriminées. Fin 2020, on compte donc 43 marques textiles accusées de participer à l’exploitation des Ouïghours. Mais début 2021, les choses s’accélèrent.
24 février 2021 : Une première plainte contre Nike
Suite aux premières accusations, des marques ont pris des engagements pour arrêter de participer à l’exploitation des Ouïghours, mais d’autres non. Alors l’association des Ouïghours de France a décidé de porter plainte contre l’une d’entre elles : Nike.
24 mars 2021 : Le début du boycott chinois
Suite à cette plainte, Nike, qui avait pourtant toujours nié son implication dans ce scandale, s’est engagé à ne plus utiliser de coton du Xinjiang. Mais la prise de position de la multinationale n’a pas plu au gouvernement chinois, et un appel national au boycott a été lancé.
26 mars 2021 : Hugo Boss et Asics à leur tour visés
Pour éviter un boycott à l’image de celui contre Nike, certaines marques ont annoncé sur le réseau social chinois Weibo soutenir la filière du coton du Xinjiang. C’est notamment le cas d’Hugo Boss, pourtant jusqu’alors non incriminé dans ce scandale. Pourtant, lorsque cette déclaration a éclaté aux yeux de la communauté internationale, Hugo Boss a retiré son soutien à la filière du coton de Xinjiang. Et à l’image d’Hugo Boss, Asics a fait les mêmes annonces. Difficile donc de s’y retrouver ! Mais ce qui est certain, c’est que ces pressions politiques et communications contradictoires brouillent les informations pour les consommateur.ices !
9 avril 2021 : Une nouvelle plainte contre 4 multinationales et 8 nouvelles marques incriminées
Bershka, Claudie Pierlot, Maje, Massimo Dutti, Oysho, Pull & Bear, Sandro et Stradivarius Début avril, des ONG (Sherpa, le Collectif Ethique sur l’étiquette, l’Institut Ouïghour d’Europe) et une rescapée Ouïghoure ont porté plainte contre 4 multinationales de l’habillement pour divers crimes, et notamment, crime de génocide et crime contre l’humanité. Sont incriminées : le groupe Inditex (Zara, Bershka...), Uniqlo, le groupe SMCP (Sandro, Maje...) et Sketchers. Certaines de ces marques étaient déjà incriminées par le rapport de l’ASPI, mais d’autres font figure de nouvelles dans la liste.
BILAN : Aujourd’hui, 53 marques textiles sont donc accusées de participer à l’exploitation des Ouïghours. Parmi ces marques, 32 sont évaluées par Clear Fashion et présentent un “bandeau d’alerte Ouïghours”, que nous mettons régulièrement à jour. Vous pouvez retrouver tous ces bandeaux en téléchargeant l'app juste : ici.
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